MEXIQUE - Actualité (1990-1996)

MEXIQUE - Actualité (1990-1996)
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États-Unis du Mexique

Politique intérieure

En juin 1990, le président Carlos Salinas de Gortari crée une Commission nationale des droits de l’homme en réponse à de sévères critiques concernant les agissements de la police.

Le 18 août 1991, victoire électorale écrasante du Parti révolutionnaire institutionnel (P.R.I.), parti du président Salinas. Les élections législatives ont lieu à l’issue d’une campagne marquée par la large domination des moyens de propagande et d’intimidation du P.R.I., au pouvoir depuis 1929. L’épiscopat a condamné la fraude et l’abstentionnisme. Avec 61,4 p. 100 des voix, le P.R.I. remporte 290 des 300 sièges de député, 31 des 32 sièges de sénateur à pourvoir et les 6 postes de gouverneur en jeu. Les conservateurs du Parti d’action nationale (P.A.N., 17,7 p. 100 des voix) et l’opposition de gauche du Parti de la révolution démocratique (P.R.D., 8,26 p. 100 des voix) dénoncent vivement la fraude, tandis que les observateurs indépendants invoquent plutôt un climat peu propice au processus démocratique.

Le 7 juillet 1993, le président Salinas annonce son intention de proposer au Congrès une réforme électorale destinée à «améliorer la démocratie mexicaine». Il souhaite ainsi faire taire l’opposition qui accuse le P.R.I. de bénéficier d’une structure politique qu’il a lui-même mise en place.

Le 28 novembre, le P.R.I. annonce que le président Salinas a nommé Luis Donaldo Colosio pour représenter le parti à l’élection présidentielle d’août 1994.

Le 1er janvier 1994, un groupe armé de quelques centaines de guérilleros de l’Armée zapatiste de libération nationale (E.Z.L.N.) investit 5 villes de l’État du Chiapas, dans le sud du pays, dont San Cristobal de las Casas, deuxième ville de l’État, peuplée de 100 000 habitants. S’inscrivant dans une ancienne tradition de révoltes paysannes et indiennes, les insurgés d’origine maya réclament la destitution du «dictateur» Carlos Salinas de Gortari et l’instauration d’une réforme agraire, et dénoncent le «génocide» des Indiens, la fraude électorale et la menace que fait peser sur la souveraineté nationale l’Accord de libre-échange nord-américain. Sous la pression de l’armée qui intervient massivement, les rebelles «zapatistes» se retirent bientôt des villes investies pour gagner les zones montagneuses et boisées que l’aviation bombarde. Le 10, reconnaissant les causes économiques et sociales du conflit, le président Salinas limoge le ministre de l’Intérieur Patrocinio Gonzalez, ancien gouverneur du Chiapas, et nomme l’un de ses proches collaborateurs, Manuel Camacho, à la tête d’une Commission pour la paix et la réconciliation au Chiapas. Le 12, tandis que plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent à Mexico contre les excès de l’armée dans cet État, les autorités annoncent la suspension unilatérale des opérations militaires. L’E.Z.L.N. fait de même le lendemain. Le bilan de l’insurrection est estimé par l’Église à plusieurs centaines de morts. Le 17, l’E.Z.L.N. accepte l’offre de dialogue du gouvernement et la médiation de Mgr Samuel Ruiz, évêque de San Cristobal. Le 21, le Parlement de Mexico adopte une loi d’amnistie en faveur des rebelles.

Le 2 mars, à San Cristobal, les représentants du gouvernement et des rebelles de l’E.Z.L.N. parviennent à un accord qui prévoit «l’autonomie politique, économique et culturelle» des Indiens de l’État du Chiapas ainsi que l’instauration de nombreuses mesures sociales en faveur de la population indienne défavorisée. La base des militants zapatistes ne juge pas cet accord entièrement satisfaisant.

Le 23 mars, Luis Donaldo Colosio, candidat officiel du P.R.I. à l’élection présidentielle d’août, est assassiné au cours d’une réunion électorale à Tijuana, dans le nord du pays. Après l’arrestation du meurtrier, l’enquête privilégie l’hypothèse d’un complot impliquant certaines factions du P.R.I.

Le 21 août, le P.R.I. remporte les élections générales. Son candidat, Ernesto Zedillo, est élu président, avec 48,77 p. 100 des suffrages. Les résultats sont contestés par Diego Fernandez de Cevallos, représentant du P.A.N., et Cuauhtémoc Cardenas, candidat du P.R.D., qui recueillent respectivement 25,94 p. 100 et 16,60 p. 100 des voix. Le taux de participation s’élève à environ 70 p. 100. À la Chambre des députés, le P.R.I. obtient 300 sièges sur 500, le P.A.N. 119 et le P.R.D. 71. Au Sénat, le P.R.I. remporte 95 sièges sur 128, le P.A.N. 25 et le P.R.D. 8.

Le 28 septembre, le secrétaire général du P.R.I., José Francisco Ruiz, est assassiné à Mexico. Pressenti pour présider le Parlement, il était partisan d’un renforcement de la lutte contre la corruption et le trafic de drogue.

Le 8 octobre, les négociations entre le gouvernement et les rebelles du Chiapas sont rompues.

Le 19 décembre, l’E.Z.L.N. bloque des routes et s’empare de plusieurs villes de la province, afin de «rompre l’encerclement militaire» du territoire qu’elle contrôle. Les jours suivants, l’armée reconquiert sans violence l’essentiel des positions conquises par l’E.Z.L.N. depuis janvier. Le 28, les rebelles annoncent qu’ils sont prêts à reprendre les négociations. Le président Zedillo ordonne à l’armée d’évacuer les principales positions zapatistes et annonce la distribution aux Indiens du Chiapas de 26 000 hectares de terres illégalement détenues par les grands propriétaires.

Le 17 janvier 1995, le président Zedillo conclut avec les 2 grands partis d’opposition, le P.A.N. et le P.R.D., un accord politique en vue de «renforcer le régime démocratique et de construire un véritable État de droit». Cet accord prévoit une autonomie des pouvoirs accrue et une réforme électorale.

Le 9 février, Ernesto Zedillo ordonne l’arrestation des dirigeants zapatistes et révèle l’identité véritable du «sous-commandant» Marcos. Il déclare que l’E.Z.L.N. n’est pas un mouvement indigène mais une guérilla dont l’objectif est de «prendre le pouvoir par les armes». Les jours suivants, l’armée reconquiert le territoire contrôlé par l’E.Z.L.N. Le 14, le président Zedillo invite les zapatistes à reprendre les négociations. En signe de bonne volonté, il obtient la démission du gouverneur du Chiapas, dont la légitimité était contestée par l’E.Z.L.N.

Le 28 février, Raúl Salinas, frère de l’ancien président, est arrêté à Mexico. Il est accusé d’avoir commandité l’assassinat de José Francisco Ruiz pour des motifs personnels.

Le 27 août, plus de 1 million de personnes participent au référendum organisé par l’E.Z.L.N., et toléré par les autorités, au sujet de l’action du mouvement insurrectionnel. Les votants approuvent massivement les revendications zapatistes et se prononcent, à la majorité simple, en faveur de la transformation de l’E.Z.L.N. en parti politique.

Le 1er janvier 1996, le «sous-commandant» Marcos annonce la création du Front zapatiste de libération nationale dont l’objectif est de «transformer le Mexique en une démocratie» et de «libérer» le pays du P.R.I. Ses membres ne chercheront pas à être élus. Durant l’année, le conflit entre les zapatistes et le gouvernement s’apaise.

Vie économique

En 1990, le président Salinas accélère la mise en œuvre des réformes économiques, privatisant les banques et réformant le marché boursier.

En 1991, l’inflation est en grande partie maîtrisée, l’expansion est satisfaisante et la confiance des investisseurs étrangers est revenue. La stabilisation a été facilitée par le renouvellement, pour la sixième fois, du «pacte de croissance» liant le gouvernement et les partenaires sociaux.

En 1992, le Mexique poursuit son programme de privatisations, qui a porté depuis décembre 1988 sur 189 entreprises publiques. Les progrès spectaculaires accomplis depuis 10 ans semblent se heurter à une contrainte structurelle: le maintien d’une croissance soutenue dans la stabilisation des prix paraît devenir inconciliable avec l’équilibre des comptes extérieurs. Le problème de la productivité est ainsi posé peu avant la conclusion de l’A.L.E.N.A.

Le Mexique est devenu le premier bénéficiaire des aides de la Banque mondiale en mai 1992.

En 1993, l’approbation de l’A.L.E.N.A. par la Chambre des représentants des États-Unis, le 17 novembre, est un succès pour le président mexicain qui avait orienté sa politique économique dans cette direction. Les États-Unis absorbent 70 p. 100 des exportations du Mexique et l’accord préserve ce débouché des tendances protectionnistes de Washington.

Dans l’immédiat, les promesses de l’A.L.E.N.A. ne stimulent pas l’économie, même si le nombre des maquiladoras est en augmentation. La croissance est en recul par rapport à 1992, en raison de la mauvaise conjoncture dans les pays industrialisés et de la politique de rigueur qui doit permettre à l’économie mexicaine d’affronter, le moment venu, la concurrence des produits américains et canadiens. Le budget de 1993 se solde par un excédent, permettant au gouvernement de maintenir, comme il s’y était engagé, l’inflation au-dessous de 10 p. 100. Dans la perspective de la ratification de l’A.L.E.N.A., le Parlement vote le 17 mai un amendement à la Constitution donnant une pleine indépendance à la banque centrale, qui sera seul juge de la politique monétaire à suivre. Le 23 juin, la Commission de la concurrence est mise en place. Le 3 octobre, le pacte pour la stabilité, la compétitivité et l’emploi, négocié entre le gouvernement et les partenaires sociaux, est renouvelé. Une nouvelle loi sur les investissements étrangers est présentée au Parlement le 24 novembre. Les privatisations sont poursuivies. À la fin de l’année, le secteur public ne comprend plus que 210 entreprises, contre 1 155 en 1982.

À la fin de 1994, le Mexique connaît une grave crise financière causée par plusieurs erreurs de gestion dans un contexte politique troublé. La politique du président Salinas, qui consistait à financer le développement économique grâce à l’apport de capitaux étrangers, ne résiste pas à l’évolution défavorable du taux de change peso-dollar qui provoque une fuite massive de capitaux, tant étrangers que nationaux. Le 20 décembre, le peso est dévalué de 15,3 p. 100; le 22, les autorités décident de le laisser flotter. En une semaine, il enregistre une dépréciation de 50 p. 100 par rapport au dollar. Le 28, les taux d’intérêt sont fortement relevés. Le 29, le gouvernement annonce la prochaine entrée en vigueur d’un plan d’urgence.

En 1995, la crise financière entraîne la plus forte récession que le Mexique ait connue depuis 1932. Son ampleur suscite une forte mobilisation internationale: le 3 janvier, le président Zedillo annonce que l’aide internationale se chiffre à 18 milliards de dollars. Le même jour, il présente un plan d’austérité draconien – contrôle des prix et des salaires, réduction des dépenses publiques, restriction du crédit, diminution des importations, nouvelles privatisations – dont l’impact sur les marchés s’avère faible. Un second plan, plus sévère encore, sera présenté le 9 mars. Le 13 janvier, afin d’éviter la propagation de la crise mexicaine, le président américain Bill Clinton annonce son intention d’accorder à Mexico l’équivalent de 40 milliards de garanties de crédit à long terme. Le 31, devant les réticences du Congrès, il débloque 20 milliards de dollars par décret. Avec les contributions du F.M.I., de la Banque des règlements internationaux et de certaines banques privées, le montant total de l’aide internationale s’élève à plus de 50 milliards de dollars. Ces crédits sont gagés sur les revenus de la production pétrolière. La situation financière se stabilise à la fin de l’année.

En 1996, les indicateurs économiques s’améliorent, sous l’effet de la politique de rigueur, après la crise de 1994-1995. La croissance reprend et l’inflation diminue de moitié. Cela n’est toutefois pas encore sensible pour la population, dont le pouvoir d’achat reste inférieur à celui qu’elle connaissait avant la crise, tandis que les inégalités continuent de se creuser. Le programme d’«alliance pour la croissance» présenté en octobre prévoit toutefois une augmentation du salaire minimum et des mesures d’aide sociale. Par ailleurs, les investissements étrangers sont freinés par l’opposition du P.R.I. à la privatisation des chemins de fer et de l’industrie pétrochimique.

Relations internationales

Du 15 au 18 mars 1990, le Premier ministre canadien Brian Mulroney est en visite au Mexique. Les 2 pays signent une série d’accords bilatéraux en matière de commerce, de lutte contre le trafic de drogue, de formalités d’extradition et de douane, de protection de l’environnement et de tourisme.

Les 18 et 19 juillet 1991 se tient à Guadalajara le premier sommet latino-ibérique. Une vingtaine de chefs d’État d’Amérique latine, le roi d’Espagne Juan Carlos et le président portugais y assistent; les États-Unis ne sont pas invités. Cette réunion vise à promouvoir les relations entre les anciennes colonies espagnoles et portugaises d’outre-Atlantique et leurs anciennes métropoles. Le sommet aboutit à la création d’un organisme permanent de liaison et à l’adoption d’une déclaration qui réaffirme notamment les principes de souveraineté et de non-ingérence.

Le 12 août 1992, l’Accord de libre-échange nord-américain entre le Mexique, le Canada et les États-Unis est conclu. L’A.L.E.N.A. doit créer, à terme, le plus grand marché sans barrières douanières du monde. Contrairement à la C.E.E., il a un caractère strictement commercial, sans vocation politique. D’autres partenaires pourront y adhérer. La C.E.E. et le Japon mettent en garde les parties contractantes contre les tentations protectionnistes.

Le 11 août 1993, visite du pape au Mexique, 11 mois après le rétablissement des relations diplomatiques entre le Mexique et le Vatican et 3 mois après l’assassinat non élucidé de l’archevêque de Guadalajara. Elle est principalement consacrée aux populations amérindiennes, le pape dénonçant «les abus des colonisateurs sans scrupules».

Le 22 novembre, le Sénat mexicain ratifie l’A.L.E.N.A.

Le 5 décembre, le Mexique, la Colombie et le Venezuela signent un accord en vue de la création d’une zone de libre-échange.

Le 1er janvier 1994, l’A.L.E.N.A. entre en vigueur.

Le 14 avril, le Mexique devient membre de l’O.C.D.E.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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